Ce matin, je me réveille, plume à la main, l’envie d’écrire me tient soudainement. Mais écrire quoi? Écrire cette colère qui gît en moi durant toute la vie. Ma vie si mélancolique est elle, je sens un besoin de faire sortir ce poid. De me noyer dans la confidence, sans aucun regret.
J’espère que lorsque les vagues me jetteront sur le rivage je serai lavée de tout chagrin. Tout à commencé je ne m’en rappelle même pas. Ma mère ne m’en a pas non plus dit grand chose. Juste qu’elle m’a conté qu’elle n’était pas d’accord et qu’elle avait tenté de refuser mais vainement. L’excision est un sujet presque tabou. On en parle que pour l’interdire mais jamais pour voir ce que réellement la personne excisée ressent, ce que moi je ressent, ce que les autres filles ressentent. J’ai toujours tenu à garder celà secret au plus profond de moi. En parler était pour moi une honte. J’avais peur des yeux pitoyables avec lesquels l’on pourrait me regarder, peur d’être différentes, peur d’être seule. Et pourtant cette solitude je la vie car n’ayant personne à qui vaguement raconter ma mélancolie. Cette vie morose est mienne depuis plusieurs années. En coupant une infime chair de ma partie génitale la bonne vieille dame a coupé un grand bonheur dans ma vie. J’ai toujours repoussé l’homme que j’aimais pour ne pas avoir à lui expliquer qu’avant notre lune de miel il fallait que j’aille me faire “déchirer” à l’hôpital. Qu’il yavait malheureusement une chance minime de le ressentir, d’avoir du plaisir lors de nos unions intimes.
Cette pratique traditionnelle, douloureuse et insensée est à l’origine de mes grandes déceptions, de ma plus grande peur, de mes plus sombres nuits. Je m’en arrete là pour aujourd’hui. Biensur demain je reprendrai la plume et je continuerai ma confidence car je compte désormais m’y noyer.
A demain….