Récit d'un enseignant sur le périple du retour aux classes dans les régions. - DiamNews

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Récit d’un enseignant sur le périple du retour aux classes dans les régions.

Récit d’un enseignant sur le périple du retour aux classes dans les régions.

Le gouvernement s’était engagé à transporter tous les enseignants. Ils ont tous rêvé d’un minimum de confort, de commodité, ils en ont eu pour leur frais.
Un grand n’importe quoi de la part du gouvernement du Sénégal, un amateurisme qui ne dit pas son nom.

Bonsoir à tous chers collègues, à la suite de mon voyage d’hier, que dis-je, de mon Odyssée, j’ai enfin réalisé pourquoi notre corporation ne sera jamais respectée. Excusez de la longueur mais j’ai pensé pouvoir partager le parcours de combattant que nous avons livré hier pour rejoindre notre lieu de travail au péril de notre vie.

Convoqués à 14h au terminus Liberté 5, nous débarquâmes à 13h en espérant ne pas vivre pareille mésaventure que les collègues de Thiès et Diourbel. Sur place, aucune indication sur notre destination (Foundiougne) alors que les collègues de Kaolack, Nioro, Gossas, Guinguéno etc… s’affairaient autour de leur voyage. Ayant constaté un seul bus à l’effigie de “Fatick” avec une longue file, je me rapproche du responsable de DDD pour m’enquérir de la situation ; et sa réponse me laissa pantois : “grand démal nga rang xamnaa Limay def dangen bari kaass”.

Je retournai auprès des collègues qui étaient en train de confectionner des listes pour Foundiougne (7 listes pour être plus précis).
15h: alors que les premiers bus commençaient à quitter le terminus, toujours pas d’interlocuteurs pour nous orienter. Alors qu’on ne savait plus à quel saint se vouer, un agent de DDD cria: ” Les passagers de Foundiougne, veuillez vous rapprocher “. Et ce fut la débandade, une série de bousculades pour accéder au bus (ce qui me rappelle les durs moments de l’Université). Quid des listes? ” elles ne sont plus crédibles” me dit-on. Et la distanciation sociale dans tout ça ? Nullement respectée. Ça craint. Finalement après moult difficultés, nous sortîmes de Dakar direction Foundiougne.

18h10: Nous arrivons à Foundiougne et c’est la suite du calvaire. Le chauffeur de DDD nous signale qu’il doit nous laisser là. Comble de tout, le Ferry qui devait nous transporter ne travaille pas les Mercredis. Et après plusieurs hésitations, nous primes des pirogues en haute mer, avec nos bagages et sans gilet. Des femmes qui étaient avec leurs enfants, des collègues qui n’ont jamais affronté pareille situation prirent leur courage à deux mains pour traverser et atteindre l’autre rive.

Une fois sur la terre ferme, il fallait s’organiser pour continuer la route. Des délégués syndicaux se présentent à nous et nous donnent rendez vous à la Préfecture. Nous louâmes une charrette pour y mettre tous nos bagages et marchâmes derrière elle jusqu’à la Préfecture. A 19h, des collaborateurs du Préfet nous signalent que ce dernier leur a recommandé de prendre soin de nous afin de faciliter le reste du trajet. Un mini car se pointa 30mn plus tard pour convoyer les collègues de Passy. Il restait alors plus de 70 enseignants qui devaient encore attendre un bus affrété par le Conseil départemental.

Celui-ci débarque à 20h30 et c’était encore parti pour une bousculade pas possible pour avoir une place. En un moment donné, je me suis demandé ce que nous avons fait pour mériter un tel supplice ?
20h 50: le bus quitte Foundiougne et petit à petit, des collègues de Sokone, Toubacouta descendirent avec leurs bagages, à la recherche d’un moyen de locomotion pour rentrer chez eux. Enfin, le bus arriva à Karang à 23h 12mn. 10h de voyage, de souffrance, de bousculades, de non respect de la distanciation sociale alors qu’on ne demande qu’à retourner travailler.

J’en suis à ma 4ème année de service mais les questions que je me pose sont les suivantes:
Méritons-nous réellement le respect de l’autorité et de la population ? Pourquoi accepter de se faire “torturer” à ce point? Pourquoi nous exigeons du respect, de l’organisation à nos élèves alors que nous-mêmes n’en avons pas? Pourquoi n’avons-nous pas refusé ces conditions de voyage ?
Trop de questions hélas sans réponses. Le respect est réciproque a-t-on l’habitude de dire, mais le Respect se mérite et au vu de ce que nous vivons actuellement, nous ne le méritons pas du tout. Il est grand temps de poser des actes, de parler le même langage afin de valoriser ce métier. Ne rejetons pas tout sur nos syndicats, donnons-leur la possibilité de nous valoriser en disant NON quand il le faut. Profitons du Corona pour redorer le blason de l’enseignant sénégalais.

Excusez de la longueur. Cela me tenait à cœur. A ceux qui ont fait plus de 20 ans de service, je vous dis bravo, vous êtes des guerriers. Quant à moi et probablement des camarades de mon âge, on n’est pas très loin de la rupture.

Pourvu que cela change.

Abdoulaye Diop, Professeur de Français au Lycée Mixte de Karang Poste

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