iGFM-À quelques semaines de disputer la 2ème Coupe d’Afrique des nations de son histoire, la Gambie peaufine les derniers réglages sous la houlette de son sélectionneur, Tom Saintfiet. Il s’est confié à Afrik-foot.com à travers cet entretien où il est revenu sur la performance de la Gambie parmi les trois meilleures équipes africaines de l’année aux CAF Awards. Après avoir conduit les Scorpions jusqu’en quarts de finale en 2022, le technicien a avoué que son équipe ne bénéficie plus de l’effet de surprise.
Tom Saintfiet d’abord, comment allez-vous après cette opération du genou que vous avez subi ?
Comme tout ancien footballeur, on a toujours des problèmes aux genoux. Durant toute ma carrière de joueur, c’était également le cas. C’est juste une petite opération du ménisque et du cartilage que j’ai subie il y a deux semaines. Maintenant j’ai bien récupéré. Il n’y a pas de problème. Je suis prêt pour la CAN.
Restons dans l’actualité avec la Gambie qui faisait partie des trois finalistes pour la sélection africaine de l’année aux derniers CAF Awards. Êtes-vous touché par cela ?
Oui, absolument. C’est quelque chose de spécial, un grand honneur et je suis très fier de notre travail, de mon staff, de mes joueurs mais aussi de ma Fédération. C’est quelque chose d’unique aux côtés de grands pays comme le Sénégal et le Maroc. Leur présence est quelque chose de normal mais, pour un petit pays comme la Gambie, faire partie des trois meilleures équipes nationales d’Afrique, c’est juste spécial. On ne sait pas si cela se reproduira dans le futur.
“Ça va être difficile de rééditer un tel exploit”
Est-ce que cela vous met un peu plus de pression pour la Coupe d’Afrique des nations ?
C’est une motivation. Cela prouve aux joueurs que nous sommes respectés dans le football africain. Mais on sait aussi que ça va être plus difficile de confirmer notre performance des 3-4 dernières années. Notre première participation à la CAN, c’est quelque chose d’unique en tant que débutant au Cameroun. Jouer les quarts de finale avec un bilan de trois victoires, un match nul et seulement une défaite contre le Cameroun… Ça va être difficile de rééditer un tel exploit. Mais, comme ces dernières années, on fera cela ensemble.
Cette nomination parmi les trois meilleures sélections d’Afrique est un levier que je compte bien utiliser pour motiver mes joueurs. Tous nos sacrifices finissent par payer. Tout notre travail est respecté, pas seulement par les Gambiens, pas juste par notre Fédération, mais aussi par le monde du football et surtout l’Afrique du football. De toute façon, en Gambie, tout le monde s’attend à ce que l’on soit les champions d’Afrique et même du monde (rires). Il y a toujours de la pression pour gagner nos matchs. En tant qu’entraîneur et joueurs, nous donnons le maximum pour remporter tous nos matchs. Ce n’est pas facile, mais il n’y a pas d’excès de pression. La pression est toujours là.
Cette belle distinction, n’est-ce pas un contraste avec le déficit dans la qualité de la préparation dont bénéficie cette équipe ?
Il y a deux aspects à cette distinction. Nous sommes parmi les trois meilleures équipes d’Afrique de l’année parce qu’on a aucun complexe et c’est grâce à nos résultats. La Gambie est un pays d’à peine deux millions de personnes. Nous n’avons pas les infrastructures comme les grands pays africains. On n’a pas le budget pour faire certains matchs amicaux. Nous n’avons pas joué en octobre dernier, l’année passée non plus. On avait les mêmes problèmes de budget avant la dernière CAN. Malgré toutes ces limites, on a quand même fait des résultats. Ce sont peut-être des choses qui ont équilibré l’écart avec le Sénégal et le Maroc pour le Top 3 des meilleures équipes africaines en 2023. Avec toutes les limites au niveau des joueurs, du potentiel, on a fait quelque chose de spécial. On a essayé d’optimiser le minimum pour en arriver là.
“Mon équipe a prouvé que ce ne sont pas les noms des joueurs qui comptent”
Quels sont les objectifs de la Gambie à la CAN en Côte d’Ivoire, après avoir atteint les quarts de finale il y a deux ans ?
On est dans le groupe de la mort avec le champion d’Afrique en titre, le Sénégal, avec le Cameroun, demi-finaliste. Deux grands pays de football qui étaient à la dernière Coupe du monde au Qatar. Il y a aussi la Guinée avec l’un des meilleurs buteurs du championnat d’Allemagne (Sehrou Guirassy, ndlr). C’est un groupe très difficile. Mais en tant qu’entraîneur avec mon équipe, on n’aborde jamais un match avec l’idée de le perdre. On veut gagner chaque match, se qualifier pour le 2ème tour. On sait que ce sera plus difficile qu’à la dernière CAN. Il y a des raisons pour cela. Nous étions une équipe surprise au Cameroun mais aujourd’hui tout le monde connaît nos qualités. On a quelques joueurs blessés, des joueurs sans club, on n’est pas la même équipe, nous n’avons que trois joueurs qui jouent en première division dans les huit meilleurs championnats d’Europe. Nous n’avons pas des joueurs de haut niveau comme l’ont le Sénégal, le Cameroun et la Guinée. Mais on va entamer ce tournoi avec l’ambition de faire des miracles. On est très réaliste, on sait que ce sera très difficile mais on est là pour faire de bons résultats.
Pensez-vous pouvoir récupérer vos blessés avant la prochaine Coupe d’Afrique des nations ?
Il y a des joueurs comme l’ancien de l’AS Rome, Ibrahima Darboe, blessé depuis plus d’un an. Il a recommencé il y a deux semaines et peut-être qu’il sera prêt. Mais on n’aura pas tous nos joueurs blessés. Cinq joueurs qui étaient à la CAN 2022 ne seront pas disponibles. Certains ont arrêté le football, d’autres n’ont pas trouvé de club. Mais je ne suis pas le genre d’entraîneur à chercher des excuses. On va faire avec les joueurs disponibles, on fera tout pour faire de bons résultats même si on sait qu’on ne fait pas partie des favoris. La pression est plus sur le Sénégal, la Guinée et le Cameroun. On va tout faire de notre côté pour créer la surprise. Mon équipe a prouvé avant que ce ne sont pas les noms des joueurs qui comptent. On a joué la Guinée en huitième lors de la dernière CAN. On avait des joueurs qui évoluaient en 4ème division en Suisse, en Suède et on a gagné contre une équipe avec presque tous leurs joueurs en première division dans les championnats européens. Tout est possible.