La Constitution limite le nombre de mandats présidentiels à deux, mais l’adoption en début d’année d’une nouvelle loi fondamentale, qui maintient cette limitation, permet à M. Condé de remettre les compteurs à zéro, selon ses partisans.
Le président guinéen Alpha Condé sera candidat à un troisième mandat lors du scrutin prévu le 18 octobre, a indiqué lundi 31 août son parti, alors que la perspective d’une nouvelle candidature a soulevé depuis des mois une vague de protestation qui a fait des dizaines de morts. Le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) l’avait « sollicité » début août pour qu’il se représente.
A 82 ans, Alpha Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, avait dit « prendre acte », sans formellement s’engager, mais en demandant à sa formation et à ses alliés de s’engager sur une programme centré sur les femmes, les jeunes et les plus démunis. « Si vous voulez que j’accepte votre proposition, il faut que vous vous engagiez à ce que le RPG redevienne ce qu’il était, un parti qui n’oublie personne », avait-il déclaré aux délégués de sa formation.
Les partis de la majorité ont soumis au président une « proposition de pacte » pour l’application de ce programme, a indiqué le RPG dans un communiqué lu dans la soirée à la télévision nationale RTG. « Nous avons l’immense privilège et le bonheur d’informer la population guinéenne que celui-ci a accédé à notre demande. Le président Alpha Condé sera bien notre candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 », indique ce communiqué lu par le directeur-général de la RTG.
« Compteurs à zéro »
La Constitution guinéenne limite le nombre de mandats présidentiels à deux, mais l’adoption en début d’année d’une nouvelle loi fondamentale, qui maintient cette limitation, lors d’un référendum boycotté par l’opposition, permet à M. Condé de remettre les compteurs à zéro, affirmaient depuis des mois ses partisans.
Alpha Condé a, à de nombreuses reprises, critiqué cette limitation, la qualifiant d’injuste. Nous « avions invité le chef de l’Etat a briguer un nouveau mandat comme l’autorise la nouvelle Constitution », a affirmé lundi sans ambiguïté le RPG dans son communiqué.
Lancée en octobre 2019 par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), formé des principaux partis d’opposition et d’organisations de la société civile, la mobilisation contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé, plusieurs fois réprimée, a fait des dizaines de morts parmi les manifestants.
Condé critiqué
Alpha Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires dans cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest, où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté malgré la richesse de son sous-sol.
Alpha Condé fait l’objet de nombreuses critiques d’association de défense des droits de l’Homme qui lui reprochent les violences des forces de l’ordre lors des manifestations, qui ont fait quelque 200 morts depuis son arrivée au pouvoir, selon l’opposition.
Un collectif d’opposants guinéens a par ailleurs récemment déposé plainte en France contre Alpha Condé et plusieurs de ses proches pour corruption, trafic d’influence et blanchiment de corruption. Sollicitées par l’AFP, les autorités guinéennes n’avaient pas souhaité réagir à cette plainte.