PORTRAIT- Serigne Sidy Mokhtar Mbacké, ex-khalife général des Mourides : Pêcheur de fidèles !
Deuxième petit-fils à porter la charge de khalife général des Mourides, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, décédé mardi à l’âge de 94 ans, était un homme effacé et rigoureux.
A 94 ans, un saint homme a sûrement gagné le pari de sa vie. En 7 ans de khalifat, il a réussi à imprimer ses marques avant de s’effacer. Serigne Sidy Mokhtar Mbacké a vécu dans l’ombre et a disparu lors d’une douce et fraîche nuit de janvier. C’est une grâce divine.
Gouye Mbind qui n’avait jusqu’ici présidé aux destinées de la confrérie, fondée il y a plus d’un siècle par Muhammad Ibn Muhammad Ibn Habîballâh, plus connu sous le nom de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, est sonné. Il était le premier élu de ce village, car Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, père du défunt khalife général des Mourides, a été très tôt rappelé à Dieu. Lui a été intronisé le mercredi 30 juin 2010 après le décès du premier des petits-fils de Bamba à occuper le perchoir de la Mouridya. Serigne Cheikh Sidy Mokhtar, plus connu sous le nom de Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké, naquit en juillet 1924 à Mbacké Kajor, village situé dans le département de Kébémer. Il est présenté comme un homme discret et effacé. Ses humanités, il les a faites auprès de son père duquel il acquit des connaissances mystiques. «Accompagné de sa maman Sokhna Maty Lèye, il rendit visite sur ordre de son père Serigne Mouhamadou Lamine Bara à son grand-père alors en résidence à Diourbel», confie son porte-parole Cheikh Thioro Bassirou Mbacké. Il parachèvera ses connaissances auprès de son homonyme Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, plus connu sous le nom de Cheikh Awa Balla, fils de Serigne Ibrahima Mbacké Ibn Khadimou Rassoul.
Homme mystique
Son cursus, il le poursuivra auprès de Serigne Dame Diop, un diawrigne de son père. «Ses études, il les achèvera à Diourbel chez Mohamed Lamine Diop Dagana», renseigne toujours son porte-parole. Alors qu’il n’était âgé que de 23 ans, l‘ex-khalife général des Mourides construit sa maison à Keur Nganda, un village situé dans la commune rurale de Gade Escale, arrondissement de Ndindy, département de Diourbel, en 1948. Dans ce patelin, situé à mi-chemin entre le Cayor et le Baol, le khalife général des Mourides a tracé les sillons de la prospérité. Ousmane Diop explique : «Grâce à lui, le village dispose d’eau courante et d’électricité. Il est très généreux, très simple et réservé. Ces caractéristiques du marabout renvoient au signe astrologique de tous les natifs de la dernière décade du mois d’octobre. Ils sont recroquevillés sur eux-mêmes, généreux, avares en paroles et fermes.» Cette fermeté lui est reconnue. Réservé, équidistant des coteries et des chapelles politiques, Serigne Cheikh Maty Lèye, teint noir, taille petite, est reconnaissable aux lunettes noires qu’il a toujours portées. Ses cheveux ont blanchi sous le poids des ans.
Homme généreux, Cheikh Sidy Mokhtar a envoyé à la Mecque une centaine de personnes accomplissant ainsi le vœu de son papa qui n’a pu accomplir ce cinquième pilier de l’islam. «Ses traits de caractère sont presque ceux de Serigne Saliou. Il a construit une maison à hauteur de 80 millions et en a fait don à son père. Ce qui veut dire, renseigne son porte-parole, que quiconque sera khalife de la famille de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké trouvera en cette demeure un lieu de résidence.» Serigne Cheikh Maty Lèye, c’est aussi la construction d’une maison à 220 millions à Dakar.
Serigne Sidy Mokhtar, c’est aussi l’éducateur assoiffé et avide de savoir, qui a fait construire beaucoup de daaras modernes et de postes de santé. «A Keur Nganda, son fief, les enfants apprennent aussi le français», précise Ousmane Diop. Musulman qui n’est intéressé que par les recommandations de sa religion, «il met la main à la poche pour la réussite de toute activité musulmane», renchérit Mabara Diop, du village de Ndindy où un Magal est organisé chaque année sous sa présidence. «Cette année lors de la cérémonie officielle du Magal de Mbacké Kajor, il invitait à travers son message les étudiants à épouser la droiture et de ne se consacrer qu’à la quête du savoir et de la sagesse, d’éviter les comportements déviants et de reconnaître l’autorité de tutelle comme le recommande Khadim Rassoul dans ses écrits Kun katiman et Tazaoudou sikhar ou le viatique des jeunes. En somme, d’arrêter les grèves, le saccage des bus qui sont leur patrimoine, les grèves de la faim, synonymes de suicide pour un musulman, retourner dans les classes et dans les amphis. Compte tenu de l’importance de l’avenir des jeunes et du pays, il a invité les autorités à veiller à la résolution des problèmes des bourses.»
Généreux et discret
Khalife de son père depuis le 22 mai 1990, Serigne Cheikh Maty Lèye porte aussi le titre de khalife de Darou Khoudoss. «Parce que c’est le plus âgé entre Gouye Mbind et Darou Khoudoss qui est le khalife des deux familles», précise-t-il. Premier à porter le titre de triple khalife, Serigne Cheikh Maty Lèye, à l’opposé de son cousin qu’il a remplacé le 1er juillet passé, est réputé être un soufi – un courant de l’islam qui apprend à se couper de toutes les préoccupations terrestres – partisan d’un islam rigoriste. Pratiquant austère, il est aussi conservateur alors que son prédécesseur était moderne. Un fait inhabituel qui a d’ailleurs surpris plus d’un observateur, c’est son attitude quand Abdoulaye Wade lui a présenté ses condoléances et lui a fait acte d’allégeance, le nouveau khalife avait, d’après certaines indiscrétions, «répondu par le silence». De toute façon, il a été réfractaire aux connivences entre sa famille et le régime. «Il ne vient à Touba qu’en cas de nécessité, passant le plus clair de son temps à enseigner le Coran dans ses daaras installés dans les villages de Nganda», insiste-t-il.
On parle de toutes ses qualités au passé. Triple khalife (il était khalife général des Mourides, khalife de Darou Khoudoss et de Gouy Mbind), le patriarche de Touba a tiré sa révérence mardi un peu après la prière du crépuscule. Septième khalife général des Mourides, le 7ème fils de Mouhamadou Lamine Bara Mbacké a été pendant 7 années, soit exactement 90 mois, le guide spirituel de la confrérie mouride. Il a été aussi pendant 17 ans khalife de Gouye Mbind et de Darou Khoudoss. Pacifiste, unificateur, rassembleur, travailleur, les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier le fils de Sokhna Maty Lèye qui a contribué pour beaucoup au rayonnement de la confrérie mouride. Il n’aura hélas pas le temps de réceptionner la construction des deux minarets d’un coût de 5 milliards F Cfa qu’il avait initiée à la grande mosquée de Touba. Il ne verra pas non plus l’aboutissement des travaux de la mosquée Massalikoul Djinane, l’Université Cheikh Ahmadou Bamba et l’autoroute Ilaa Touba dont il avait posé en compagnie du chef de l’Etat la première pierre.
Véridique, il n’hésitait pas à rappeler les fidèles à leur devoir envers la communauté. Prêcheur de bonnes paroles, négociateur infatigable (avec la longue grève des enseignants en 2016), Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké était un esprit très enraciné et ouvert. La reconnaissance était aussi un des traits de caractère du second petit-fils de Bamba. C’est l’une des raisons qui explique son attachement à Mbacké Kajor, son village natal, mais aussi Keur Nganda, Ndindy et Tawfekh où il vivait en réclusion temporelle et cultivait ses champs. A son actif, on peut noter la délocalisation des cimetières à Bakhiya, la contribution d’1 milliard à la lutte contre les inondations à Touba et le paiement des factures d’électricité du forage de Ndindy.
A 94 ans, un saint homme a sûrement gagné le pari de sa vie. En 7 ans de khalifat, il a réussi à imprimer ses marques avant de s’effacer. Serigne Sidy Mokhtar Mbacké a vécu dans l’ombre et a disparu lors d’une douce et fraîche nuit de janvier. C’est une grâce divine.
Gouye Mbind qui n’avait jusqu’ici présidé aux destinées de la confrérie, fondée il y a plus d’un siècle par Muhammad Ibn Muhammad Ibn Habîballâh, plus connu sous le nom de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, est sonné. Il était le premier élu de ce village, car Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, père du défunt khalife général des Mourides, a été très tôt rappelé à Dieu. Lui a été intronisé le mercredi 30 juin 2010 après le décès du premier des petits-fils de Bamba à occuper le perchoir de la Mouridya. Serigne Cheikh Sidy Mokhtar, plus connu sous le nom de Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké, naquit en juillet 1924 à Mbacké Kajor, village situé dans le département de Kébémer. Il est présenté comme un homme discret et effacé. Ses humanités, il les a faites auprès de son père duquel il acquit des connaissances mystiques. «Accompagné de sa maman Sokhna Maty Lèye, il rendit visite sur ordre de son père Serigne Mouhamadou Lamine Bara à son grand-père alors en résidence à Diourbel», confie son porte-parole Cheikh Thioro Bassirou Mbacké. Il parachèvera ses connaissances auprès de son homonyme Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, plus connu sous le nom de Cheikh Awa Balla, fils de Serigne Ibrahima Mbacké Ibn Khadimou Rassoul.
Homme mystique
Son cursus, il le poursuivra auprès de Serigne Dame Diop, un diawrigne de son père. «Ses études, il les achèvera à Diourbel chez Mohamed Lamine Diop Dagana», renseigne toujours son porte-parole. Alors qu’il n’était âgé que de 23 ans, l‘ex-khalife général des Mourides construit sa maison à Keur Nganda, un village situé dans la commune rurale de Gade Escale, arrondissement de Ndindy, département de Diourbel, en 1948. Dans ce patelin, situé à mi-chemin entre le Cayor et le Baol, le khalife général des Mourides a tracé les sillons de la prospérité. Ousmane Diop explique : «Grâce à lui, le village dispose d’eau courante et d’électricité. Il est très généreux, très simple et réservé. Ces caractéristiques du marabout renvoient au signe astrologique de tous les natifs de la dernière décade du mois d’octobre. Ils sont recroquevillés sur eux-mêmes, généreux, avares en paroles et fermes.» Cette fermeté lui est reconnue. Réservé, équidistant des coteries et des chapelles politiques, Serigne Cheikh Maty Lèye, teint noir, taille petite, est reconnaissable aux lunettes noires qu’il a toujours portées. Ses cheveux ont blanchi sous le poids des ans.
Homme généreux, Cheikh Sidy Mokhtar a envoyé à la Mecque une centaine de personnes accomplissant ainsi le vœu de son papa qui n’a pu accomplir ce cinquième pilier de l’islam. «Ses traits de caractère sont presque ceux de Serigne Saliou. Il a construit une maison à hauteur de 80 millions et en a fait don à son père. Ce qui veut dire, renseigne son porte-parole, que quiconque sera khalife de la famille de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké trouvera en cette demeure un lieu de résidence.» Serigne Cheikh Maty Lèye, c’est aussi la construction d’une maison à 220 millions à Dakar.
Serigne Sidy Mokhtar, c’est aussi l’éducateur assoiffé et avide de savoir, qui a fait construire beaucoup de daaras modernes et de postes de santé. «A Keur Nganda, son fief, les enfants apprennent aussi le français», précise Ousmane Diop. Musulman qui n’est intéressé que par les recommandations de sa religion, «il met la main à la poche pour la réussite de toute activité musulmane», renchérit Mabara Diop, du village de Ndindy où un Magal est organisé chaque année sous sa présidence. «Cette année lors de la cérémonie officielle du Magal de Mbacké Kajor, il invitait à travers son message les étudiants à épouser la droiture et de ne se consacrer qu’à la quête du savoir et de la sagesse, d’éviter les comportements déviants et de reconnaître l’autorité de tutelle comme le recommande Khadim Rassoul dans ses écrits Kun katiman et Tazaoudou sikhar ou le viatique des jeunes. En somme, d’arrêter les grèves, le saccage des bus qui sont leur patrimoine, les grèves de la faim, synonymes de suicide pour un musulman, retourner dans les classes et dans les amphis. Compte tenu de l’importance de l’avenir des jeunes et du pays, il a invité les autorités à veiller à la résolution des problèmes des bourses.»
Généreux et discret
Khalife de son père depuis le 22 mai 1990, Serigne Cheikh Maty Lèye porte aussi le titre de khalife de Darou Khoudoss. «Parce que c’est le plus âgé entre Gouye Mbind et Darou Khoudoss qui est le khalife des deux familles», précise-t-il. Premier à porter le titre de triple khalife, Serigne Cheikh Maty Lèye, à l’opposé de son cousin qu’il a remplacé le 1er juillet passé, est réputé être un soufi – un courant de l’islam qui apprend à se couper de toutes les préoccupations terrestres – partisan d’un islam rigoriste. Pratiquant austère, il est aussi conservateur alors que son prédécesseur était moderne. Un fait inhabituel qui a d’ailleurs surpris plus d’un observateur, c’est son attitude quand Abdoulaye Wade lui a présenté ses condoléances et lui a fait acte d’allégeance, le nouveau khalife avait, d’après certaines indiscrétions, «répondu par le silence». De toute façon, il a été réfractaire aux connivences entre sa famille et le régime. «Il ne vient à Touba qu’en cas de nécessité, passant le plus clair de son temps à enseigner le Coran dans ses daaras installés dans les villages de Nganda», insiste-t-il.
On parle de toutes ses qualités au passé. Triple khalife (il était khalife général des Mourides, khalife de Darou Khoudoss et de Gouy Mbind), le patriarche de Touba a tiré sa révérence mardi un peu après la prière du crépuscule. Septième khalife général des Mourides, le 7ème fils de Mouhamadou Lamine Bara Mbacké a été pendant 7 années, soit exactement 90 mois, le guide spirituel de la confrérie mouride. Il a été aussi pendant 17 ans khalife de Gouye Mbind et de Darou Khoudoss. Pacifiste, unificateur, rassembleur, travailleur, les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier le fils de Sokhna Maty Lèye qui a contribué pour beaucoup au rayonnement de la confrérie mouride. Il n’aura hélas pas le temps de réceptionner la construction des deux minarets d’un coût de 5 milliards F Cfa qu’il avait initiée à la grande mosquée de Touba. Il ne verra pas non plus l’aboutissement des travaux de la mosquée Massalikoul Djinane, l’Université Cheikh Ahmadou Bamba et l’autoroute Ilaa Touba dont il avait posé en compagnie du chef de l’Etat la première pierre.
Véridique, il n’hésitait pas à rappeler les fidèles à leur devoir envers la communauté. Prêcheur de bonnes paroles, négociateur infatigable (avec la longue grève des enseignants en 2016), Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké était un esprit très enraciné et ouvert. La reconnaissance était aussi un des traits de caractère du second petit-fils de Bamba. C’est l’une des raisons qui explique son attachement à Mbacké Kajor, son village natal, mais aussi Keur Nganda, Ndindy et Tawfekh où il vivait en réclusion temporelle et cultivait ses champs. A son actif, on peut noter la délocalisation des cimetières à Bakhiya, la contribution d’1 milliard à la lutte contre les inondations à Touba et le paiement des factures d’électricité du forage de Ndindy.